Q1, Q2, Q3 - Comment fonctionnent les qualifications en F1 ?
Publié le mardi 9 mai 2023 à 21:54
Ecrit parDenis D
Denis D est un passionné de Formule 1 et un bloggeur amateur spécialisé en technique automobile.
Khaby Lame présente le pneu de la pole position à Max Verstappen lors du GP d'Abou Dabi 2022

En Formule 1, en dehors de la course, un événement décisif de chaque week-end de Grand Prix est la séance de qualification. Ayant généralement lieu le samedi, sauf en cas de format Sprint depuis 2023 où celui-ci a lieu le vendredi, elle permet de définir la position de départ sur la grille pour la course du dimanche. Les sessions de qualifications sont assez complexes et peu télégéniques, ce qui explique que peu de novices décide de les suivre en direct. Pourtant, il existe beaucoup de subtilités règlementaires et stratégiques qui les rendent passionnantes, à condition d’en maitriser les enjeux.

Fonctionnement général d’une session de qualification

Les qualifications sont divisées en trois sessions, dont les dénominations sont abrégées en Q1, Q2 et Q3, chacune ayant une durée de temps prédéfinie pendant laquelle les pilotes partent des stands et tentent de réaliser le meilleur temps possible sur un tour.

Lors de chaque session, les pilotent réalisent généralement plusieurs tentatives, précédées de tours plus lents ayant pour objectifs de faire monter la température des pneus dans une fenêtre idéale pour maximiser la performance en tour rapide. Chaque tentative peut être ponctuée de retours aux stands permettant d’ajuster la stratégie, en modifiant des réglages sur la monoplace ou changeant les pneus.

Caractéristiques des trois sessions de qualification

La première partie, appelée Q1, dure 18 minutes. Pendant cette période, l’intégralité des 20 pilotes concourent pour réaliser le meilleur temps possible. À la fin de la Q1, les cinq pilotes les plus lents sont éliminés et leur position de départ est déterminée en fonction de leur temps réalisé. La Q1 permet donc de déterminer les positions 16 à 20 de la grille et de qualifier les 15 premier pour la Q2.

La deuxième partie des qualifications, la Q2, dure 15 minutes. Les pilotes restants reprennent la piste et tentent de réaliser des temps encore plus rapides que ceux obtenus lors de la Q1. Les cinq pilotes les plus lents sont alors de nouveau éliminés et leur position de départ, de la P15 à la P11 est ainsi déterminée. Les dix pilotes les plus rapides se qualifient pour la troisième et dernière partie des qualifications.

La dernière partie, la Q3, dure 12 minutes. Les dix pilotes restants reprennent la piste pour la dernière fois. Le pilote ayant réalisé le meilleur temps pendant cette phase obtient la pole position, suivi des neuf autres pilotes en fonction de leur temps de qualification. Les positions sur la grille de départ sont donc déterminées par les temps de qualification réalisés lors des différentes phases, avec les pilotes ayant réalisé les temps les plus rapides partant en première ligne.

A noter : si un pilote a franchi la ligne de départ avant la fin du temps imparti pour la séance, il peut terminer le tour en cours et ce temps sera compté pour le classement.

Les cas particuliers en qualification

Règles des 107%

A l’origine, les qualifications ne sont seulement organisées pour définir l’ordre des pilotes sur la grille de départ. Elles sont aussi censées départager qui peut ou non prendre le départ pour la course avec la règle des 107%. Cette règle, instaurée dès les premières saisons dans les années 1950, disparue en 2002 puis réintroduite en 2010, prévoit qu’”un pilote dont le meilleur temps en qualification sera supérieur à 107% du meilleur chrono en Q1 ne sera pas autorisé à prendre le départ de la course”.

Cette règle est très peu souvent appliquée, d’autant qu’une parade existe pour éviter de pénaliser les pilotes qui auraient subit un problème technique les empêchant de faire un bon temps en Q1 : "Dans certaines circonstances exceptionnelles, si un pilote réalise un temps 'correct' lors des essais libres, les commissaires pourront l'autoriser à prendre le départ. Si plusieurs pilotes sont dans ce cas, les commissaires détermineront l'ordre de la grille de départ."

Accidents et drapeaux rouges

Si un pilote subit des dégâts à cause d’un accident ou un problème technique après avoir réalisé un tour rapide, il conserve le bénéfice de ce dernier. En revanche, s’il le chronomètre de la session en cours affiche suffisamment de temps, les autres pilotes peuvent continuer à améliorer leur record et le dépasser au classement.

De la même manière, si ce pilote doit abandonner en Q2 ou en Q3 sans avoir enregistré de temps durant la session en cours, il conserve le bénéfice de sa qualification. Il sera donc classé respectivement P15 ou P10.

Si un drapeau rouge est brandi peu de temps avant la fin de la session en cours, les commissaires peuvent mettre fin à la session, rendant impossible l’amélioration du temps par aucun des pilotes. Cela fige le classement au moment où le drapeau a été brandi.

Pénalités moteurs et de rupture du parc fermé

Si une écurie décide de changer des éléments règlementés sur la monoplace d’un pilote en dépassant le quota autorisé, les pénalités associées à ce dépassement de quota, appelées pénalités moteur, sont appliquée après la séance de qualification, même si les éléments ont été changées avant la qualif.

Si une écurie décide d’appliquer des changements sur la monoplace en rompant la règle du parc fermé, le classement issu des qualifications est ignoré et le pilote doit partir depuis les stands, le reléguant à la dernière place peu important ses performances en qualifications.

Enjeux stratégiques des qualifications

La gestion du traffic

Pendant les 18, 15 et 12 minutes des sessions de qualification, les pilotes peuvent prendre la piste quand ils le souhaitent.

Ainsi, des pilotes peuvent se retrouver sur un timing décalé par rapport à d’autres, ce qui peut poser un problème de gestion du traffic : réaliser un tour rapide alors que de nombreux autres concurrents sont sur un tour lent ajoute une difficulté supplémentaire pour ce pilote. Même si une voiture sur un tour lent se voit présenter des drapeaux bleus l’obligeant à se mettre de côté pour ne pas gêner un pilote en tour rapide, il arrive souvent que le tour rapide soit néanmoins perturbé par la présence d’une monoplace dans un virage par exemple.

Pour éviter d’être confronté à du traffic, le moment auquel le pilote est envoyé en piste est donc très important dans la stratégie des qualifications.

L’allocation pneumatique

Pour l’ensemble d’un week-end de Grand Prix, chaque pilote dispose d’un nombre de pneus limité dans chaque catégorie de pneu. Par exemple, pour un format classique (hors Sprint), un pilote peut utiliser 2 trains de pneus durs, 3 medium, 8 tendres, 4 intermédiaires et 3 pluie.

Les pneus tendres neufs sont les plus performants en qualification et il arrive souvent que, pour réaliser leurs meilleurs temps, les pilotes décident de chausser de nouveaux pneus tendres à chaque nouvelle tentative en qualification.

En revanche, une écurie peut aussi choisir de tester ces pneus tendres neufs en essais libres ou d’économiser des pneus neufs pour le départ de la course. L’allocation pneumatique entre chaque événement du week-end fait partie des leviers que les écuries peuvent activer pour mettre en place sa stratégie.

La météo changeante ou incertaine

C’est lorsque le temps est changeant que les qualifications sont les plus passionnantes. Par exemple, si une session de qualification commence sous temps sec et qu’il se met à pleuvoir en cours de session, il devient impossible d’améliorer son chrono. Les pilotes cherchent alors à se mettre en piste le plus tôt possible et à enregistrer le meilleur temps le plus rapidement possible avant que la pluie ne survienne.

Quand la météo est incertaine, les écuries font des paris différents en fonction des indications qu’ils ont, ce qui ajoute du piment aux qualifications pour les téléspectateurs qui cherchent à lire les différentes stratégies sans pour autant pouvoir être sur place pour se faire son propre avis.

Les positions paires et impaires sur la grille

En fonction du tracé du circuit, en particulier de l’orientation du premier virage, il peut être intéressant de partir depuis la droite ou la gauche de la grille. Cela peut être d’autant plus vrai si la piste est plus salle à droite qu’à gauche : lors des événements précédant la course de F1, par exemple si la F2 se joue sur le même circuit plus tôt dans la journée, de la gomme se dépose du côté opposé de la trajectoire naturelle de la piste et réduire l’adhérence des pneus, qui est cruciale pour un départ.

Mais dans les faits, cela arrive plutôt comme une cerise sur le gâteau, comme un avantage ou un désavantage non souhaité, et fait rarement partie des stratégie. En effet, les pilotes vont toujours chercher à faire le meilleur temps possible et vont rarement en garder sous le pied pour sécurisé le côté favorable de la grille.