Pourquoi n’y a-t-il qu’un seul fournisseur de pneus en F1 ?
Publié le dimanche 21 août 2022 à 21:35
Ecrit parCamille M
Camille M est une passionnée de Formule 1 depuis son plus jeune âge et qui souhaite partager sa passion au plus grand nombre.
Gamme pneus Pirelli

Depuis 2011, c’est Pirelli qui est en charge de fournir l’ensemble des pneumatiques présentes sur le circuit et ce à toutes les écuries. Mais saviez-vous que cela n’a pas toujours était le cas ? En effet, avant 2007 chaque écurie était en capacité de choisir elle-même son fournisseur de pneus. Mais alors, pourquoi cela a-t-il changé ?

Un fournisseur unique depuis 2007

C’est le Grand Prix d’Indianapolis en 2005 qui a été l’élément déclencheur. La course connut le plus petit nombre de voitures enregistrée au départ dans l’histoire de la F1. Seules 6 voitures s’étaient alignées sur la grille, après que Michelin, fournisseur de l’ensemble des autres écuries, n’ait pu garantir la fiabilité de ses pneumatiques.

Cette décision faisait suite au crash de Ralf Schumacher dans le banking durant les phases de qualifications de la veille. Une course qui s’est donc avérée particulièrement inégale et qui a poussé la F1 à se questionner.

La F1 a donc décidé d’instaurer un fournisseur unique dès 2008, une mesure qui prit place dès 2007 avec le retrait prématuré de Michelin de la F1.

D’autres raisons jouent bien sûr en faveur d’un équipementier unique

  • Premièrement le coût : il est bien moins onéreux, pour l’ensemble des écuries, de developper et tester un fournisseur unique que plusieurs. Le poste de coût des pneumatiques est déjà extrêmement élevé pour un seul fournisseur puisqu’un seul pneu avoisinerait les 1500 euros. Sachant que chaque écurie peut utiliser jusqu’à 26 trains de pneus (13 par pilote) par week-end.
  • Vient ensuite l’équité : d’après les anciennes règles, deux écuries pouvaient avoir des modèles très différents pour un même fournisseur de pneus, adaptés à 100% à leur monoplace, ce qui défavorisait énormément les plus petites écuries au budget plus modeste.
  • Une collaboration avec l’entité Formule 1 simplifiée : le modèle s’est en effet maintenant inversé, ce sont les écuries qui adaptent leurs monoplaces aux pneus disponibles. Ainsi en 2018, alors que la dégradation des pneumatiques n’était pas jugée assez importante — ce qui entrainait très peu d’arrêt au stand — Pirelli a introduit un pneumatique plus tendre qui permit de redonner aux courses plus de rebondissements.
  • La lisibilité pour le public : cette collaboration garantit également une plus grande transparence pour les spectateurs et donc une meilleure compréhension des stratégies de pneumatiques.

Jusqu’en 2024 c’est donc Pirelli qui a été choisit pour fournir l’ensemble des pneus du paddock.

Le contrat actuel de Pirelli avec la F1 est issu d’un appel d’offre datant de 2019, dont le montant reste bien sûr tenu secret, portant sur les années 2020-2024.

Toutefois, Pirelli n’a pas vraiment été challengé lors de cette compétition. Michelin avait en effet avorté un potentiel retour en F1, trop coûteux et trop loin de la stratégie de l’entreprise. La raison, l’introduction prévue en 2021, repoussée à 2022 pour cause de Covid, d’une nouvelle taille de pneus passant ainsi des pneus 13 pouces aux pneus 18 pouces. Une vraie révolution dans le monde de la F1 qui était accompagnée de nombreuses contraintes techniques, qui ont sûrement favorisé Pirelli déjà présent en F1.

En 2010, Bridgestone, premier fournisseur unique, avait quant à lui décidé d’abandonner sa place de fournisseur du fait des difficultés financières de l’entreprise. Arrivé en F1 en 1997, son objectif était clair : challenger la presque domination de Michelin sur le marché européen. Une stratégie qui lui aura offert une belle visibilité et qui aura été efficace quelques temps, mais qui n’aura pas réussie à 100% à l’entreprise.

Michelin, Goodyear, Bridgestone, Pirelli, les plus grandes marques de pneumatiques au monde se sont succédées pour fournir leurs précieuses gommes

Au delà de l’aura et du prestige que cette position a pu apporter aux différents manufacturiers, c’est aussi cette course folle et ce travail acharné qui ont permis de voir arriver de nouvelles technologies, souvent beaucoup plus sûres sur l’ensemble des voitures du monde entier. Même en matière de pneumatiques la Formule 1 est un laboratoire à innovation.

Quel sera l’avenir ?

Reste à savoir si 2025 verra débarquer un nouveau fournisseur de pneumatiques pour l’ensemble des monoplaces. Hankook, fournisseur de pneumatique sud-coréen, avait, d’après les rumeurs, tenté sa chance lors du dernier appel d’offre. Une question reste également en suspens : pour combien de temps la F1 maintiendra-t-elle la règle du fournisseur unique ? Seul l’avenir nous le dira.