La Scuderia Ferrari est confrontée à une crise interne sans précédent en ce début de saison. Après des résultats décevants lors de la première course au Bahreïn, l'écurie italienne doit faire face à des problèmes techniques et à des tensions internes qui menacent son avenir.
Malgré des données prometteuses en simulation et en soufflerie, la voiture n'a pas été à la hauteur lors des premiers essais libres et des qualifications au Bahreïn. Plusieurs observateurs ont pointé du doigt un manque de coordination entre les différents départements de l'équipe.
Frédéric Vasseur, le nouveau directeur d'écurie, a pris ses fonctions très tardivement, en janvier dernier. Il a eu peu de temps pour se familiariser avec les spécificités de la Scuderia, et a dû composer avec une équipe de techniciens qui avait déjà commencé à travailler sur la voiture avant son arrivée.
Vigna et Vasseur : deux hommes, deux visions
Notamment, les divergences de points de vue entre le président Benedetto Vigna et Vasseur ont conduit à des tensions. Vigna, nommé à la tête de Ferrari en mai dernier, prône une approche entrepreneuriale, axée sur la prise de risques et l'innovation. Vasseur, quant à lui, a une conception plus traditionnelle, qui privilégie la stabilité et la continuité.
Cette différence de points de vue se serait matérialisée sur la question des sponsors mais les deux hommes ont également eu des désaccords sur la stratégie à adopter pour la gestion des pilotes : Leclerc, qui a signé un contrat avec Ferrari jusqu'en 2024, est très exigeant et n'a pas caché son mécontentement face aux résultats décevants de la Scuderia. Vasseur souhaite l’officialiser comme premier pilote et Vigna préfère continuer sur l’absence de préférence entre Sainz et le monégasque.
Au delà des points de vue de chacun, ce qui marque est l’absence de tête unique à la direction de Ferrari et c’est d’ailleurs ce qui frustre Vasseur, qui pensait être le seul chef à bord de l’écurie et doit en fait composer avec les envies de sa direction.
Une difficile gestion des talents
Par ailleurs, plusieurs départs ont été enregistrés ces derniers mois : Michael Leiters, le responsable de la division technique, a quitté le navire en décembre dernier, pour rejoindre McLaren. Suivi par David Sanchez, responsable du projet de véhicule.
Et d'autres départs pourraient suivre. C’est notamment le cas de Laurent Mekies, le directeur de course, qui, d’après le quotidien italien Corriere della Sera aurait reçu une offre de la F1 pour rejoindre l'équipe de Stefano Domenicali. Vasseur aurait mis son veto à cette proposition, ce qui a provoqué un certain malaise au sein de l'équipe.
Côté bonnes nouvelles, le retour de Simone Resta, ancien ingénieur de Ferrari parti chez Haas en janvier 2021 pourrait rassurer. Resta est considéré comme l'un des meilleurs ingénieurs de F1, et pourrait apporter une expertise technique précieuse à la Scuderia.
Mais pour remonter la pente, Ferrari doit également trouver un moyen de motiver ses troupes, qui ont été secouées par les récents départs et les tensions internes.
Au-delà des performances de la SF23, la crise de Ferrari pose des enjeux importants pour l'avenir de la Scuderia. Si l'équipe ne parvient pas à se rétablir rapidement, elle risque de perdre du terrain par rapport à ses concurrents directs : Red Bull, Mercedes… et même Aston Martin.